En commémoration de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la secrétaire d'État chargée de la Coopération internationale organisait l'événement 25N : « Coopération féministe contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans le monde », axé sur le mariage des enfants et les violences commises à l’égard des femmes migrantes.
Pilar Cancela Rodríguez, secrétaire d'État chargée de la Coopération internationale, a ouvert l’acte et a déclaré que « la Coopération espagnole réaffirme son attachement au féminisme, à la lutte contre les violences machistes et à l'égalité effective entre les femmes et les hommes. Seule une société dans laquelle les femmes ne subissent pas de violence juste parce qu'elles sont des femmes peut être considérée comme totalement libre, seule une démocratie exempte de violence machiste est une véritable démocratie ».
« Une femme sur trois dans le monde a subi des violences au moins une fois dans sa vie. C'est inacceptable. Nous devons y mettre un terme et éradiquer de nouveaux phénomènes comme la violence numérique qui affecte massivement les femmes », a ajouté la secrétaire d'État aux Affaires étrangères et mondiales, Ángeles Moreno Bau.
Irene Lozano, directrice de la Casa Árabe, a déclaré que « la conscience du phénomène s’est accrue, mais l’espace s’est également ouvert à ceux qui veulent rompre le consensus qui existait pour condamner et mettre fin aux violences sexistes ».
Lutte contre les mariages forcés
Dans le cadre du premier groupe de la journée, Mario Fanjul, Coordinateur général de la Coopération espagnole en Ethiopie, a expliqué la manière dont l'Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID) travaillait en Éthiopie « pour promouvoir un programme de coopération féministe qui traite des aspects structurels des inégalités entre les genres et des violences perpétrées à l'égard des femmes et des filles ».
Plus précisément, Fanjul s’est centré sur les efforts de l’AECID pour mettre un terme au mariage des enfants et à la mutilation génitale féminine, qui soutiennent l’Alliance nationale éthiopienne à ces fins. Cette alliance est dirigée par le ministère de la Femme et des affaires sociales, qui regroupe diverses organisations sociales spécialisées ainsi que des entités publiques. « En outre, -a expliqué Fanjul- l’Agence aide Setaweet, l’un des rares mouvements féministes éthiopiens, à renforcer ses groupes de femmes, et notamment ceux qui travaillent avec des jeunes filles mariées, pour lesquelles ils ont développé une méthodologie spécifique ».
Cette méthodologie a été expliquée par Frezer Abera, sociologue féministe et membre de Setaweet, qui a décrit le système des espaces d'autosoins destinés aux adolescentes éthiopiennes victimes de mariages célébrés avant l'âge légal autorisé. Lors de la même session, Abbeaw Bogale, éthiopien également et Coordinateur de l'Alliance nationale pour mettre fin au mariage des enfants et à la mutilation génitale féminine, a expliqué la manière dont fonctionnait ce réseau d'organisations publiques et privées qui, sous la direction du ministère de la Femme, soutiennent la feuille de route pour mettre fin au mariage des enfants et à la mutilation génitale féminine d’ici 2030. Ont également participé à ce groupe Ana Güezmes, directrice de la Division de la promotion de l'égalité des sexes de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), et Rocío Muñoz, conseillère régionale en matière de genre du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).
Les femmes dans la mobilité humaine
Dans le deuxième groupe, qui portait sur la violence à l’égard des femmes dans le contexte de la mobilité humaine, participait Peggy Martinello, directrice de l'Administration publique et des affaires sociales du FIIAPP (l’antenne de la Coopération espagnole dédiée aux politiques publiques), qui a passé en revue les différentes politiques, lois et normes promues par les institutions espagnoles à l'étranger pour accorder une protection internationale aux victimes de violences sexistes dans des régions comme l'Amérique latine, pour lutter contre et désactiver les réseaux de traite au Nigéria et au Niger ou pour incorporer des protocoles spécifiques au sein des forces de police pour les victimes au Liban.
Participaient également au groupe Carolina Pacheco, superviseure de la gestion des cas de violence fondée sur le genre dans les interventions humanitaires du FNUAP en Colombie ; Juan Carlos Pacheco, conseiller régional et responsable de communication d’HIAS en Amérique latine et dans les Caraïbes ; et Benedetta Lettera, chargée des opérations d’Action contre la Faim pour l'Amérique latine et les Philippines. Ceux-ci y ont abordé les raisons de la recrudescence sans précédent des déplacements de populations dans la région.
Selon les données du PNUD, deux personnes sur dix en déplacement dans la région sont des filles et des adolescentes, soit 20 %. Très souvent, elles parcourent des routes dangereuses et irrégulières, ce qui augmente les dangers à leur encontre. Dans la région, 80 % des viols sont commis contre des filles et des adolescentes d’âges compris entre 10 et 14 ans, et 90 % de ces cas se déroulent dans le cadre de viols répétés. Les violences sexuelles et sexistes sont, dans de nombreux cas, la cause même du déplacement. Non seulement elles sont plus exposées : les femmes et les filles migrantes ont un moindre accès aux services de base et à la protection. Dans le corridor de l'Amérique centrale, la Coopération espagnole fournit une aide humanitaire aux migrants, avec une attention particulière à la prévention des violences sexistes et à la protection et la prise en charge des femmes et des filles victimes de violences.
La Coopération espagnole, une coopération féministe
Aujourd’hui, « la Coopération espagnole finance plus de 20 projets spécifiques de lutte contre les violences sexistes, en plus de nombreux autres projets au sein desquels la lutte contre les violences subies par les femmes et les filles est un élément central », a déclaré Anton Leis, président de l’AECID, lors de la clôture.
« L'engagement de la Coopération espagnole à parvenir à éliminer toutes les formes de violences commises à l'égard des femmes et des filles dans les sphères publique et privée, y compris la traite et l'exploitation sexuelle et les autres formes d'exploitation, est absolu », a déclaré Pilar Cancela, avant d'ajouter que « cela se reflète dans leurs initiatives, à la fois dans celles qui soutiennent des organismes internationaux tels que le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et ONU femmes ; mais aussi dans leur contribution aux universités, aux associations féminines et féministes et à leurs alliances avec la société civile en général ».