DISCOURS
FÊTE NATIONALE D’ESPAGNE 2016
- S.E. Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères,
- S.E. Monsieur le Ministre de l’Industrie et des Mines,
- S.E. Madame la Ministre de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de l’Indemnisation des Victimes,
- Monseigneur Joseph Spiteri, Doyen du Corps Diplomatique,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants des organismes internationaux,
- Madame la Représentante du Président de l´Assemblée Nationale,
- Honorables invités,
- Queridos compatriotas y queridos hermanos latinoamericanos,
- Mesdames et Messieurs,
Un an de plus la célébration de la Fête Nationale d’Espagne nous amène à réfléchir sur les valeurs du dialogue entre cultures et le métissage des peuples. La conscience d’appartenir à un même monde et les obligations qui en découlent en termes de respect des droits de l’homme -de tout homme et de toute femme- et de l’environnement, ainsi que des responsabilités partagées pour le développement de toutes les sociétés, sont aujourd’hui plus pressantes que jamais.
L’Espagne et la Côte d´Ivoire sont à la hauteur des défis de notre temps et chacune de son côté s’est engagée au niveau interne et joue un rôle mobilisateur en faveur d’un monde meilleur. Un bon exemple de cette attitude commune est l’importance que les deux pays attribuent à la lutte contre le changement climatique et l’activisme dont ils ont fait preuve –l’Espagne avec le reste de l’Union Européenne-lors des récentes négociations de la COP 21.
Cet engagement au niveau international a conduit l’Espagne à présenter sa candidature au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour les années 2015-16. Le mois de décembre prochain l’Espagne présidera le Conseil de Sécurité et fera le bilan de cette période, qu’elle anticipe positif. L’Espagne avait rendu public au moment de son entrée au Conseil de Sécurité un programme de travail, axé sur la diplomatie préventive, la protection des civils, la question des femmes, paix et sécurité; le terrorisme, le désarmement, le changement climatique, la cyber sécurité et l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de Sécurité, et elle a réussi à mettre en place plusieurs initiatives sur tous ces sujets qui ont commencé à porter leurs fruits et continueront à le faire graduellement.
De son poste au Conseil de Sécurité, l’Espagne a suivi de près les activités de l’ONUCI ; elle s’est félicitée du succès obtenu par la Côte d’Ivoire, avec la collaboration de la mission et des partenaires internationaux, dans le processus de DDR et elle a appuyé aussi la levée définitive de l’embargo au mois d’avril dernier.
La candidature de la Côte d´Ivoire au Conseil de Sécurité pour la période 2018-2019, que l’Espagne regarde avec sympathie, est une preuve aussi de son engagement et de son désir d’accroître sa contribution aux efforts collectifs pour résoudre les problèmes communs, ce qui vient à établir un autre point d’affinité entre nos deux pays.
Cette affinité et bonne entente sont à la base des cordiales relations bilatérales que l’Espagne et la Côte d´Ivoire ont entretenues depuis le début, en 1964. Dans ce contexte, l’Espagne, qui a été frappée à maintes reprises par le terrorisme, a souffert avec la Côte d´Ivoire la terrible attaque de Grand Bassam.
Sur le plan économique et de coopération, les échanges ont été particulièrement intenses peu avant la crise politique ivoirienne pour entrer plus tard dans une période de récession, de laquelle elles ont commencé à sortir il y a trois ans, grâce à la nouvelle étape de stabilité du pays et à l’amélioration des circonstances économiques en Espagne.
L’année écoulée a été bonne pour l’économie espagnole, malgré les incertitudes politiques de ces derniers mois. Effectivement, l’Espagne a réussi à surmonter une grave crise économique, dont les effets les plus durs se sont fait sentir entre 2008 et 2013. Grâce à un plan strict de consolidation fiscale, à un ambitieux programme de réformes structurelles et à l’assainissement du système financier, l’économie espagnole a affiché une croissance de 3,2% en 2015 et, selon les dernières estimations du FMI, elle va croître jusqu’à 3,1% en 2016, ce qui fait d’elle une des économies européennes les plus dynamiques en ce moment. La crise a contribué à modifier le modèle de croissance, renforçant le rôle du secteur extérieur. Les investissements espagnols qui se concentraient sur d’autres régions et avaient une faible présence en Afrique Subsaharienne, arrivent de plus en plus dans la région.
Les nouvelles tendances de l’économie espagnole et le dynamisme et l’ouverture de la Côte d´Ivoire ont permis d’augmenter grandement la présence économique espagnole au cours de ces dernières années. Les exportations espagnoles en Côte d´Ivoire se sont accrues de 20% en 2015 et les exportations de la Côte d’Ivoire en Espagne l’ont fait du même pourcentage. Il est important de noter une diversification croissante des produits espagnols importés par la Côte d´Ivoire.
La réouverture du bureau économique et commercial de l’Ambassade, en 2014, est une preuve de l’intérêt que ce pays éveille chez les entreprises espagnoles. Depuis lors, plus de 180 compagnies espagnoles ont visité la Côte d´Ivoire. Il faut faire une mention spéciale du forum bilatéral de juin 2015 et du partenariat multilatéral d’avril 2016 qui ont mis en contact des dizaines de compagnies espagnoles et ivoiriennes des secteurs des infrastructures, de l’eau et de l’énergie. Le nombre d’entreprises espagnoles qui s’installent dans le pays s’accroît aussi de jour en jour ; en ce moment il y en a une trentaine dans les domaines des infrastructures, de l’électricité, de la construction, de la transformation agricole et autres. La prévision est que les échanges vont continuer d’augmenter dans les années à venir.
La coopération espagnole en Côte d´Ivoire se canalise à travers deux voies : les organismes multilatéraux, comme l’Union Européenne, le PNUD et autres agences du système des Nations Unies, l’Union Africaine et la CEDEAO, et à travers le travail des institutions qui entretiennent des liens avec l’Espagne, principalement des institutions religieuses qui mènent à bien un généreux service auprès de la population la plus vulnérable et démunie. Souvent les religieux et religieuses espagnols mobilisent des ressources publiques et privées des régions et villes d’Espagne pour subvenir aux besoins de personnes avec lesquelles ils travaillent, rapprochant ainsi les deux sociétés et tissant de nouvelles relations entre nos deux pays.
La langue espagnole constitue peut-être le lien le plus profond entre le peuple ivoirien et le peuple pas seulement d’Espagne mais de tous les pays hispanophones. Les nombreux ivoiriens qui parlent espagnol et qui s’intéressent à la culture hispanique constituent une puissance formidable en faveur des nouveaux échanges entre nos peuples et du croisement des cultures. L’Ambassade a mis en marche plusieurs initiatives pour accompagner et provoquer parfois ces échanges culturels.
Je voudrais, d’un côté, mentionner la tournée, grâce au programme Vis à Vis de Casa África, des groupes Spyro et Djarabikan à plusieurs festivals d’été en Espagne, où ils ont eu un grand succès, ainsi que la participation de la directrice de la Fondation Hampaté Bâ et d´autres écrivains et créateurs aux rencontres culturelles en Espagne. D’un autre côté, l’Ambassade, a développé un programme culturel ambitieux par rapport aux moyens dont elle dispose. C´est grâce à la collaboration bénévole d’un grand nombre de personnes et d’institutions que l’Ambassade a pu mener à bien ce programme et qu’elle continue et continuera à le faire ; d’abord les étudiants de l´Université Houphouët-Boigny qui gèrent la bibliothèque de l’Ambassade et réalisent toute une série d’activités à elle liées. Le directeur du département d’espagnol de l´Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan et autres professeurs de cette université et de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, ainsi que de nombreux collèges et lycées sont aussi partenaires habituels du programme culturel. Cette année la Fondation Atef Omaïs a rendu possible la production d’un magnifique spectacle d´Ivoire Marionnettes inspiré par Don Quichotte, et d’un film en cours de réalisation par la Proie pour l´Ombre qui sera présenté prochainement.
Pour cette année académique 2016-17, l’Ambassade vient de lancer un programme plus ambitieux encore, qui comprend, entre autres, la collaboration avec le Ministère de l’Education pour un concours national d´espagnol, dont l’annonce se fera prochainement.
Le 23 avril 1616 mourait Miguel de Cervantes et à l’occasion de son quatrième centenaire plusieurs activités ont eu lieu et auront lieu encore en Côte d´Ivoire, comme partout dans le monde. Mais à cette même date mourait aussi un autre grand écrivain, l’humaniste Inca Garcilaso de la Vega, né à Cusco de père espagnol et mère quechua. Inca Garcilaso de la Vega est l’auteur de la première histoire de l´empire inca et sa culture, « Los Comentarios Reales », écrit dans un espagnol éclatant. Inca Garcilaso, qui était métis, octroya dans son œuvre et dans sa vie une grande importance à la fusion des cultures et des sangs, signes d’identité du monde hispanique qui aujourd’hui encore portent des fruits au bénéfice de toute l’humanité. Ces mots sont de lui: A los hijos de español y de india, o de indio y española, nos llaman mestizos, por decir que somos mezclados de ambas naciones; yo me lo llamo a boca llena y me honro con este nombre.
Je ne saurais clore mon propos sans rendre hommage à ce grand diplomate et à cette grande personne qu’a été l’Ambassadeur Claude Beké, qui vient de nous quitter.
Vive la Côte d’Ivoire.
Viva España.
Abidjan, le 12 octobre 2016.